Je reçois par courriel des résumés d’études scientifiques faites avec les plantes. Je suis toujours un peu critique devant ces études, bien qu’elles viennent bien souvent confirmer les usages connus. Je me demande pourquoi il faut faire 20 études pour attester l’efficacité d’une plante ou d’un produit en concluant presque toujours en disant qu’il faudra des études supplémentaires pour confirmer le tout.
Quand, dans notre vie, on essaie une plante ou un produit pour un problème spécifique et qu’il y a des changements concrets et qui se répètent lors d’utilisations subséquentes avec la même personne ou d’autres, on constate que cela fonctionne. Le gros bon sens et l’observation permettent de faire des expériences très concluantes. On parlera bien sûr d’effet placebo, de manque de rigueur ou autre, mais la vie est une expérience que l’on n’aborde pas nécessairement avec une éprouvette à la main et un rapport à écrire. Peut-on se faire confiance sur notre capacité d’observation ? Cela peut être rassurant de voir que les scientifiques confirment un usage, mais ce n’est pas la seule source crédible. Il faut se réapproprier ce pouvoir de savoir ce qui nous convient.
De s’informer, bien sûr, ou d’être accompagné par une personne-ressource compétente est de mise, mais quelle belle expérience et quelle satisfaction de faire partie intégrante de notre démarche de guérison! Ceci dit sans vouloir dénigrer le travail des scientifiques ou des médecins, mais plutôt de se prendre en main pour les problèmes de santé qui peuvent être grandement améliorés par un meilleur mode de vie, une alimentation saine et adaptée aux besoins. De plus, des plantes appropriées peuvent accompagner merveilleusement cette démarche
Donc, voici des plantes qui ont fait leurs preuves pour la santé du système locomoteur. Parfois confirmé par les études plus rigoureuses, et parfois seulement par l’usage populaire. Et si la plante devient populaire, justement, c’est qu’elle apporte de véritables bienfaits.
Je vais vous présenter les plantes en les regroupant par propriétés. Cela permettra de s’y retrouver et de pouvoir ensuite concevoir un mélange ou un traitement en faisant un choix encore plus éclairé.
Parlons d’abord des plantes dépuratives ou nettoyantes. Elles permettent de nettoyer l’organisme en profondeur, facteur très important lors de maladies arthritiques. En effet, ces dernières sont le résultat de toxines en circulation dans le sang qui vont se loger aux articulations. Il faut bien sûr en plus observer l’alimentation pour aller changer à la source l’origine de ces malaises.
Les plantes dépuratives
Aralie salsepareille (Aralia nudicaulus) : cette plante fréquente dans nos sous-bois québécois gagne à être connue. Son rhizome s’étend pour former des colonies de 10 mètres ou plus de diamètre. C’est le rhizome que l’on utilise et il semblerait qu’il ait une croissance assez rapide, contrairement à plusieurs autres plantes de sous-bois. Dans le guide Fleurbec des plantes printanières, on parle de 25 à 80 cm par année. On peut donc en faire une récolte responsable pour profiter de ses bienfaits. C’est d’ailleurs une proche parente du ginseng et elle a en commun avec son célèbre cousin un effet tonique. Elle stimule les reins à mieux filtrer le sang, contribuant à une meilleure élimination de l’acide urique. Elle améliore également la digestion, agissant sur les ballonnements et le foie.
Bardane (Arctium lappa) : puissante dépurative, elle soutient le foie et les reins dans leur travail de filtre. Excellent soutien s’il y a constipation ou maladie de peau en plus.
Ortie (Urtica dioica) : un incontournable pour son action nettoyante en profondeur et son aspect nutritif. C’est aussi un excellent tonique et une plante considérée comme une adaptogène, c’est-à-dire qui a une action globale sur l’organisme.
Pissenlit (Taraxacum officinale) : précieux allié si répandu qu’il suffit de se pencher pour le récolter et profiter de ses nombreux bienfaits. Soutien puissant mais doux pour les reins et le foie, qui arrivent à mieux gérer les toxines et les surplus et à les éliminer plus efficacement grâce à son coup de pouce.
Les plantes analgésiques en externe
Quelques plantes analgésiques pour soulager la douleur. Localement, on peut appliquer lors d’une entorse ou blessure similaire de l’arnica ou de la consoude, qui sont anti-inflammatoires et permettent une guérison plus rapide, en plus de soulager la douleur. À appliquer quelques fois par jour pendant plusieurs jours pour un effet plus marqué.
Le piment de Cayenne macéré dans l’huile ou sous forme d’onguent ou de liniment stimule la circulation, permettant un meilleur drainage de la région touchée. Il soulage aussi la douleur en désensibilisant les terminaisons nerveuses.
L’huile de millepertuis sera de mise pour les douleurs musculaires, névralgiques et l’inflammation.
Le saule, qui est beaucoup utilisé en interne, peut également servir en compresse ou en bain.
Parmi les huiles essentielles anti-inflammatoires qui apaisent la douleur, on retrouve le sapin, le thé des bois (gaulthérie couchée) et le bouleau jaune. Ces deux dernières contiennent du salicylate de méthyle, qui est anti-inflammatoire et analgésique.
Les plantes analgésiques en interne
Basilic (Ocimum basilicum) : antispasmodique et calmant, il a sa place dans un composé quand il y a arthrite, goutte ou douleurs.
Cataire : elle apaise le système nerveux et contribue à diminuer la douleur.
Les plantes anti-inflammatoires et analgésiques
Plusieurs plantes marient les deux propriétés. Cela en fait des éléments particulièrement appréciés dans les maladies articulaires.
Actée noire (Actaea racemosa ou Cimifuga racemosa) : elle est considérée comme ayant un effet apaisant sur le système nerveux. Matthew Wood, un herboriste américain, ajoute qu’elle assure une meilleure circulation des fluides dans le corps, et notamment du liquide cérébro-spinal. C’est pourquoi l’actée agit sur les troubles nerveux : spasmes, maux de dos, névralgies, douleurs du nerf sciatique.
Curcuma (Curcuma longa) : c’est un anti-inflammatoire puissant qui a fait ses preuves. Il peut rivaliser avec les médicaments par son efficacité, sans occasionner d’effets secondaires. En externe, il a un effet analgésique qui se compare au piment de Cayenne. Il agit au niveau digestif, permettant de mieux assimiler et de mieux gérer ce qui passe dans le sang, laissant moins de toxines atteindre le fluide sanguin.
Grande camomille (Tanacetum parthenium) : Les éléments relâchés par les globules blancs et les plaquettes contribuent à l’inflammation et aux dommages des tissus que l’on retrouve dans l’arthrite rhumatoïde. La grande camomille est plus efficace que l’aspirine pour inhiber la libération de ces éléments inflammatoires. Elle peut donc être d’un grand secours pour les douleurs et l’inflammation que cause cette maladie.
Griffe du diable (Harpagophytum procumbens) : plante africaine réputée depuis longtemps comme analgésique et anti-inflammatoire. Elle stimule également le foie et combat l’excès de cholestérol et d’acide urique.
Guimauve (Althaea officinalis) : son mucilage adoucit et procure un effet anti-inflammatoire. Cela procure une meilleure lubrification et de la souplesse pour les articulations.
Reine-des-prés (Filipendula ulmaria) : précieuse alliée qui combine ses propriétés anti-inflammatoires, analgésiques et digestives pour vraiment apporter un soulagement au niveau articulaire, tout en traitant le problème à la source, soit au niveau digestif. Elle régularise le pH de l’estomac et, par ses tanins, protège toutes les muqueuses digestives, de l’estomac au côlon. Ses effets astringents et anti-inflammatoires permettent une meilleure assimilation, tout en prévenant l’absorption de toxines qui iront se loger dans les tissus, notamment les articulations. Ses salicylates contribuent à son action anti-inflammatoire. À elle seule, elle combine plusieurs effets qui en font un traitement en soi.
Saule (Salix spp.) : contient aussi des salicylates et sert depuis fort longtemps contre arthrite et malaises similaires. Il agit sur l’inflammation et la douleur.
Les plantes antioxydantes
Elles contribuent à l’intégrité des cellules en général, dont les cellules des os, muscles et ligaments. Parmi les plus réputées, on trouve : ail, bardane, chardon-Marie, coriandre, curcuma, gingembre, ginkgo, piment de Cayenne, reishi, romarin et thé vert.
Les plantes antispasmodiques
Ces dernières seront fort appréciées quand il y a tension ou spasmes. En voici quelques-unes : actée noire, camomille allemande, lavande, lobélie, marjolaine, mélisse, menthe, scutellaire, valériane, viorne pimbina.
Les plantes diurétiques
Ce sont celles qui soutiennent les reins dans leur travail silencieux et discret mais tellement important. Le sang est ainsi mieux purifié et moins de toxines se retrouvent en circulation, et donc, éventuellement, dans les tissus articulaires. Les plus couramment utilisées sont : asperge, bardane, feuilles de bouleau blanc, feuilles de cassis, eupatoire, ortie, pissenlit, reine-des-prés.
Les plantes nutritives
Elles sont importantes pour fournir les minéraux essentiels au maintien de tissus sains. Elles contribuent aussi à combattre l’acidité. C’est encore plus efficace quand c’est jumelé à une alimentation moins acide. Les plantes vedettes à prendre en vinaigre médicinal, en smoothie, en tisane ou intégrées dans l’alimentation sont : algues, avoine fleurie, bardane, framboisier, luzerne, ortie, pissenlit, prêle, trèfle rouge.
Il est possible de garder en santé ou d’améliorer grandement la condition de son système locomoteur, avec quelques changements et le soutien des plantes.
Article tiré du Journal Terre de Vie, Automne 2012