Semis de mai et limaces

Le mois de mai nous apporte une vague d’oiseaux chanteurs, de fleurs et de nouvelles verdures. C’est le temps, enfin, de jardiner. Les semis Les semis intérieurs Les semis intérieurs commencent à goûter à de petites incursions au dehors, durant les belles journées chaudes. En mai, les plantes parties à l’intérieur doivent être fertilisées et, si possible, recevoir davantage de lumière. Il faut tailler les plantes qui veulent fleurir dans leur pot. Il faut tailler le thym et la marjolaine. Il faudra peut-être aussi désherber vos plants. Il est parfois nécessaire de biner et d’enlever la croûte qui se forme à la surface. Cette croûte peut empêcher votre plant de respirer et aussi empêcher l’humidité de sortir. Les semis directs Pendant ce temps, il y a aussi, les semis directs hâtifs à faire. La laitue, l’épinard, le radis, les pois, le fenouil aiment le temps plus frais du mois de mai. Aussi, vers la fin du mois, les carottes, les betteraves, d’autres laitues, etc. Il vaut mieux attendre pour les fèves et les haricots, qui aiment un sol plus chaud. Les volontaires Les plantes annuelles ou vivaces qui se ressèment peuvent vous éviter d’avoir à partir des plantes en semis, à partir de la graine. Il suffit de les identifier, de les transplanter là où vous les voulez. C’est ainsi pour la calendule, la camomille allemande, la grande camomille, l’échinacée pourpre, les mauves annuelles comme la mauve de Mauritanie, la cataire, l’hysope à l’anis, la bourrache, le chardon-Marie, l’angélique, la molène, le millepertuis, le carvi, et bien d’autres. Évidemment, vous devez avoir ces plantes déjà dans votre jardin l’année précédente. Aussi, vous devez avoir laissé quelques plants monter à la graine et se ressemer. Les limaces Dernièrement, les limaces font parler d’elles à la radio, dans les journaux. Ce sont particulièrement les limaces géantes de Sherbrooke qui attirent l’attention. Les limaces géantes de Sherbrooke font parler d’elles parce qu’elles sont particulièrement grosses, soit de 10 à 15 cm, jusqu’à 20 cm de longueur. C’est assez impressionnant pour une limace au Québec ! Ces limaces noires, de leur vrai nom Arion ater, ne font pas partie de la faune indigène québécoise. Elles ont été accidentellement importées d’Europe dans des caisses de bois contenant des fenêtres qui avaient été acheminées à l’Université de Sherbrooke. Elles seraient arrivées en 1959, en provenance de l’Angleterre. Ces caisses contenaient des fenêtres pour l’Université de Sherbrooke, alors en construction. Cela ne date donc pas d’hier. On les retrouve principalement, encore aujourd’hui, sur le site de l’Université de Sherbrooke et aussi dans le quartier où s’était installée la compagnie qui était chargée de poser ces fenêtres. Les limaces n’ont donc pas tellement voyagé, depuis ces 50 dernières années. La limace des jardins La limace des jardins (Arion hortensis), qui est un mollusque appartenant à la famille des Arionidées, est nettement plus petite. Elle est comme un escargot sans sa maison, sans sa coquille en colimaçon. Longue de 3 à 4 cm, on la trouve sous les pierres, les feuilles mortes, au pied des murailles, et surtout de juin à septembre. Commune et très commune, on la retrouve presque partout où il y a de l’humidité. Ce mollusque allongé, en forme de cylindre, a un dos gris à noir, ocre-jaune ou brun-rouge, La plante de son pied est claire ou orangée. Elle produit un mucus incolore ou jaunâtre. La limace est un mollusque terrestre. Sa tête, qui n’est pas distincte de son corps, porte deux paires d’antennes, la seconde paire portant les yeux et une bouche. Elle possède sur son manteau un orifice respiratoire. Les limaces respirent avec des poumons. Les limaces sont mâles et femelles à la fois, ou hermaphrodites, et se fécondent mutuellement. Après un certain temps, elles pondent leurs oeufs. Une limace pond de 20 à 70 oeufs en paquets de 10 à 20. Elle les cache dans un trou creusé dans la terre. Si la température est sèche, les oeufs prendront de deux à trois mois pour se développer, mais si elle est humide, ils seront éclos dans les trois semaines. La limace s’accouple à la fin de l’été et à l’automne. Après la ponte, elle vieillit rapidement et meurt. Les limaces se multiplient rapidement par temps humide et en l’absence de leurs prédateurs naturels. La durée de vie de la limace est de 9 à 12 mois. Mais ses œufs passeront l’hiver dans le sol et écloront au printemps suivant. La limace est plutôt nocturne, donc on l’aperçoit plus facilement à la tombée du jour, mais aussi les journées nuageuses et pluvieuses. La limace est donc active la nuit ou par temps sombre. Le jour, elle se cache sous des pierres ou sous des morceaux de bois. En plein soleil, elle perd 16 % de son poids en une heure seulement. Elle se déplace très peu, pas plus de quatre à sept mètres par jour. Si la nourriture est abondante, elle ne se déplacera pas de plus de 50 centimètres. Lors de ses déplacements, elle laisse une traînée d’excrément et de mucus sur tout ce qu’elle touche. Sans une température humide, la limace ne peut se déplacer, car le mucus qui recouvre son corps sèche. Elle attend donc la pluie ou la tombée de la rosée pour reprendre ses activités. Sa nourriture Elle se nourrit de plantes fraîches ou pourries et de cadavres d’insectes. Elle peut manger de 30 à 40 fois son poids dans une journée et aime bien les jardins. Elle apprécie particulièrement les laitues, mais aussi certaines plantes ornementales comme les hostas. En fait, elle aime toutes les plantes cultivées et la plupart des plantes sauvages. La limace ronge le feuillage, y fait des trous, et peut même le manger au complet. Des traînées de mucus nous indiquent que c’est elle qui en est la responsable. Les limaces sont omnivores, c’est-à-dire qu’elles consomment de tout, aussi bien des morceaux de plantes fraîches, fanées ou pourries que des cadavres de petits animaux, des amphibiens, des vers, etc. Lutte préventive Protéger et attirer ses prédateurs, qui sont les oiseaux, les taupes, les batraciens comme les crapauds et les couleuvres. Les poules et les canards en raffolent. On peut limiter leur présence en plaçant dans le sol un pot contenant 12 mm de bière. Les limaces iront s’y noyer. Il faut veiller à ce que le compost ne soit pas envahi car il pourrait devenir un bon lieu de reproduction pour elles, sans compter qu’alors vous pourriez disséminer les œufs un peu partout dans votre jardin. Vous pouvez épandre de la poussière de roche autour de vos plantes dont elles sont friandes pour tenir les limaces au loin. Vous faites un cercle de 30 cm de poussière, le feuillage au centre, tôt au printemps, avant que le feuillage ne pousse, pour éviter qu’elles le criblent de petits trous. Épandre des coquilles d’œufs broyées donne aussi de bons résultats. La poudre de terre diatomée, qui n’est en fait que des coquillages fossilisés finement broyés, tuera les limaces car elle agit comme de fines lames tranchantes sous le corps de la limace. Même si elle sécrète du mucus, celui-ci finit par ne plus être assez efficace pour la protéger. Il faut toutefois faire attention de n’utiliser la terre diatomée qu’en cas d’infestation et seulement autour des plantes plus atteintes car cette poudre n’est pas sélective et peut tuer aussi des insectes utiles ou les vers de terre. La cueillette manuelle, en soirée, à la brunante est aussi une bonne façon de contrôler les limaces. Un sol dans le jardin ou même autour, même une pelouse, un peu acide semble favoriser l’apparition des limaces. En corrigeant le sol, cela peut donc diminuer la quantité de limace. Les journées sèches, venteuses et ensoleillées sont évidemment une aide précieuse. C’est à souhaiter que la saison estivale ne sera pas trop pluvieuse et humide ! Le purin de limaces : On peut en ramasser et s’en faire un purin. Ouach ! Eh oui ! Et répandre ce purin de limaces dans les lieux d’infestation. Voici la recette : Rassembler dans un récipient réservé à cet effet quelques limaces préalablement mortes et, si possible, de différents types. Ajouter de l’eau, un couvercle, et laisser reposer environ 10 jours, jusqu’à ce que les limaces soient en pleine décomposition. Les limaces mangent celles d’entre elles qui sont mortes, mais elles sont repoussées par celles qui sont en voie de décomposition. Arroser avec ce purin de limaces les jeunes plants menacés et les semis en cours de levée. Utiliser plus souvent ce purin en cas de pluie. Références GINGRAS, PIERRE, « La chronique horticole de Pierre Gingras », Émission radiophonique du 23 avril 2009 à « C’est bien meilleur le matin » BENNETT, JENNIFER, « Northern Gardener », Camden House, Camden East, Ontario, Canada, 1982, 208p. SCHMID, OTTO, HENGGELER, SILVIA, « Ravageurs et maladies au jardin : les solutions biologiques » Traduit de l’Allemand par Claude Aubert, Terre vivante, Paris, France, 1987, 238p. GAGNON, YVES, « Le jardinage écologique », Les Éditions Colloïdales, Saint-Didace, Québec, Canada, 1993, 269p.   Article tiré de Herbovie, 2009